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Les médicaments et la mémoire
Vous est-il déjà arrivé d’oublier où vous aviez stationné votre voiture ? Où vous aviez mis vos clés ? Ou encore, le nom d’une personne ? Certains médicaments peuvent contribuer à ces oublis. Cet article présente des exemples de médicaments qui peuvent affecter le cerveau, ainsi que des questions à poser à votre professionnel de la santé. Lire la suite…
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Vous est-il déjà arrivé d’oublier où vous aviez stationné votre voiture ? Où vous aviez mis vos clés ? Ou encore, le nom d’une personne ?
Certains médicaments peuvent contribuer à ces oublis.
Cet article présente des exemples de médicaments qui peuvent affecter le cerveau, ainsi que des questions à poser à votre professionnel de la santé.
Le saviez-vous ? Certains médicaments, utilisés seuls ou en combinaison avec d’autres, peuvent avoir un impact sur la mémoire et le fonctionnement du cerveau.
En causant de la somnolence, de la confusion et des pertes d’équilibre, les médicaments peuvent affecter notre attention, notre mémoire, notre langage, notre planification, notre exécution des tâches, ainsi que d’autres facultés cognitives. Ces effets secondaires peuvent être temporaires ou à long terme.
Les aînés sont particulièrement à risque de développer ces effets secondaires. En vieillissant, le corps devient plus sensible aux effets des médicaments, incluant les effets secondaires qui affectent le cerveau. Les personnes ayant reçu un diagnostic de trouble cognitif léger ou de démence sont également à risque. Ces personnes devraient éviter de prendre des médicaments susceptibles d’affecter leur cognition, surtout lorsqu’il existe une thérapie alternative plus sécuritaire ou plus efficace.
Quels médicaments affectent la mémoire et le fonctionnement du cerveau ? Jetez un coup d’oeil au tableau ci-dessous pour voir si vous ou quelqu'un que vous connaissez prenez des médicaments qui peuvent avoir un impact négatif sur le cerveau. Veuillez noter que des médicaments autres que ceux mentionnés dans le tableau peuvent également avoir un impact sur la fonction et la mémoire.
Exemples de médicaments pouvant affecter la cognition et la mémoire
Classes de médicaments |
Exemples de médicaments |
Utilisations communes |
Somnifères |
Benzodiazépines |
Ces médicaments sont généralement prescrits pour les troubles du sommeil. En savoir plus ici. |
Non-benzodiazepine sedatives or “z-drugs” |
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Aides-sommeil en vente libre |
diphenhydramine (Unisom®, ZzzQuil®, Tylenol Nighttime®, Advil Nighttime®) |
Ces médicaments sont disponibles sans ordonnance et utilisés pour traiter les troubles du sommeil. En savoir plus ici. |
Certains médicaments antiallergiques |
hydroxyzine (Atarax®), |
Ces médicaments sont généralement utilisés pour traiter les démangeaisons ou les allergies et plus rarement, l’insomnie ou l’anxiété. En savoir plus ici. |
Certains médicaments antinauséeux |
dimenhydrinate (Gravol®) |
Ces médicaments sont disponibles sans ordonnance et souvent utilisés pour traiter le mal des transports. |
Antipsychotiques |
quétiapine (Seroquel®), |
Ces médicaments sont utilisés pour traiter certains problèmes de santé mentale, comme la schizophrénie. Ces médicaments sont également souvent prescrits pour des indications non reconnues par Santé Canada, comme l’insomnie ou l’anxiété. En savoir plus ici. |
Certains antidépresseurs |
amitriptyline (Elavil®), |
Ces médicaments sont souvent utilisés pour traiter la dépression, mais aussi les troubles du sommeil, la douleur, ou encore pour la prévention des migraines. |
Médicaments pour traiter l’incontinence urinaire |
oxybutynin (Ditropan®) |
Ces médicaments sont prescrits pour traiter la vessie hyperactive (un besoin urgent d’uriner). |
Les relaxants musculaires |
cyclobenzaprine (Flexeril®), |
Ces médicaments sont généralement utilisés pour traiter les spasmes musculaires, les douleurs au cou ou au dos. |
Médicaments opioïdes (narcotiques) |
codéine (Tylenol NO. 3®), |
Ces médicaments peuvent être prescrits pour la douleur aiguë (par exemple, la douleur à court terme après une chirurgie), ainsi que pour la douleur chronique. En savoir plus ici. |
Médicaments pour traiter les douleurs des nerfs ou l'épilepsie |
pregabalin (Lyrica®), |
Ces médicaments peuvent être prescrits pour différentes conditions, y compris les douleurs des nerfs causées par le diabète ou le zona. En savoir plus ici. |
Que pouvez-vous faire ?
Voici ce que vous pouvez faire pour vous assurer que vos médicaments ne nuisent pas à votre mémoire ou à votre cognition:
Demandez une révision de vos médicaments : parlez à votre médecin, à votre infirmière ou à votre pharmacien pour demander une revue complète de vos médicaments. Ensemble, vous évaluerez si l’un de vos médicaments peut affecter votre mémoire ou votre cognition. N'oubliez pas de toujours apporter une liste complète de vos médicaments avec vous lors de ce rendez-vous.
Demandez si vous êtes candidat(e) à la déprescription : La déprescription, c’est arrêter ou réduire la dose d'un médicament qui n'est peut-être plus nécessaire ou qui pourrait causer du tort. Demandez à votre professionnel de la santé : « Si un médicament affecte potentiellement ma mémoire ou ma cognition, pourrait-on le déprescrire ? »
Voici cinq questions que vous pouvez poser à votre professionnel de la santé lors de la révision de vos médicaments :
5 questions à poser à votre médecin, votre infirmière ou votre pharmacien :
1. Pourquoi est-ce que je prends ce médicament ?
2. Quels sont les bénéfices et les risques potentiels de ce médicament ?
3. Est-ce que ce médicament peut affecter ma mémoire ou causer des chutes ?
4. Est-ce que je peux arrêter ce médicament ou en réduire la dose ?
5. Avec qui dois-je faire un suivi et quand ?
Parlez toujours à votre médecin, à votre infirmière ou votre à pharmacien avant d’arrêter ou de modifier tout médicament.
Saviez-vous que les médicaments peuvent également affecter l'équilibre et causer des chutes?
Vagues de chaleurs estivales : quand les médicaments donnent chaud
Certains médicaments fréquemment utilisés peuvent rendre plus sensibles aux effets de la chaleur. Ils peuvent augmenter le risque de souffrir de coups de chaleur ou d’autres effets néfastes. Plus le nombre de médicaments qu’une personne prend augmente, plus ce risque d’effets néfastes augmente. Lire la suite…
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Par Camille Gagnon, pharmacienne, directrice adjointe du Réseau canadien pour l’usage approprié des médicaments et la déprescription
Pour beaucoup de gens, été rime avec soleil et plaisir. Malheureusement, depuis les dernières années, les vagues de chaleur extrême sont de plus en plus fréquentes. Cela peut rendre cette saison moins agréable et affecter la santé. La chaleur et l’humidité peuvent causer des coups de chaleur, de la déshydratation, des malaises, des hospitalisations et même des décès.
Avec l’âge, le corps s’ajuste moins bien aux changements de température. Ainsi, les aînés sont particulièrement à risque pendant les périodes de chaleur extrême. De plus, certaines conditions médicales qui sont plus fréquentes chez les aînés, comme le diabète ou la maladie de Parkinson, peuvent empêcher le corps de bien s’adapter à la chaleur.
Le saviez-vous ? Certains médicaments peuvent augmenter le risque de coups de chaleur
Certains médicaments fréquemment utilisés peuvent rendre plus sensibles aux effets de la chaleur. Ils peuvent augmenter votre risque de souffrir de coups de chaleur, ou de souffrir d’autres effets néfastes. Plus le nombre de médicaments qu’une personne prend augmente, plus ce risque d’effets néfastes augmente.
Des exemples de médicaments qui peuvent vous mettre à risque
Voici des exemples de médicaments qui peuvent nuire à la capacité du corps de s’adapter à la chaleur. Beaucoup sont des médicaments utilisés couramment. Certains de ces médicaments sont disponibles sous ordonnance, alors que d’autres sont en vente libre dans les pharmacies. Prenez-vous certains de ces médicaments ?
Certains médicaments diminuent la capacité de notre corps à produire de la sueur, ce qui est essentiel pour le refroidir quand il fait chaud. Par exemple :
Les bétabloquants (ex : métoprolol ou bisoprolol), des médicaments pour le cœur et la pression.
Les décongestionnants comme la pseudoéphédrine, que l’on retrouve dans les médicaments pour le rhume (sans prescription).
Les médicaments anticholinergiques, qui incluent certains produits pour les allergies disponibles en vente libre (ex : diphenhydramine ou Benadryl®), les somnifères en vente libre (ex : Nytol®), les médicaments pour traiter l’incontinence urinaire (ex : oxybutynine) ou certains antidépresseurs (ex : amitripytline ou nortriptyline). Pour en savoir plus sur les médicaments anticholinergiques, consultez l’article suivant.
Certains médicaments peuvent nous déshydrater ou augmenter notre risque de faire des chutes de pression. Par exemple :
Les diurétiques (ex : hydrochlorothiazide ou furosémide), les laxatifs (ex : Senokot®) ou certains médicaments pour le diabète (ex : Invokana® ou Jardiance®) qui augmentent l’élimination des liquides du corps par l’urine ou les selles.
Certains antidépresseurs (ex : fluoxétine ou venlafaxine) peuvent nous déshydrater en augmentant notre production de sueur.
Certains médicaments peuvent faire augmenter notre température corporelle. Par exemple :
Les médicaments antipsychotiques, comme l’olanzapine ou la quétiapine.
Les médicaments stimulants utilisés pour le trouble de l’attention, comme le Ritalin® ou l’Adderall®.
Certains médicaments peuvent causer de la somnolence, diminuer notre concentration et nous rendre moins réactif. Ainsi, ils peuvent diminuer notre capacité à adopter des comportements sécuritaires en temps de grande chaleur, comme boire de l’eau ou rester au frais. Par exemple :
Certains médicaments contre les douleurs des nerfs (ex : prégabaline, gabapentine).
Les médicaments opioïdes pour la douleur (ex : morphine, codéine).
Certains médicaments peuvent devenir toxiques pour le corps et les reins si vous devenez déshydraté à cause de la chaleur :
Les médicaments anti-inflammatoires (ex : ibuprofène ou Advil®, naproxène ou Aleve®).
Les anticoagulants, utilisés pour prévenir les caillots sanguins.
Les médicaments pour la haute pression artérielle.
Différents médicaments pour traiter le diabète, incluant la metformine.
Le lithium, pour la maladie bipolaire.
Que pouvez-vous faire pour prévenir les coups de chaleur et protéger votre santé cet été ?
Si vous prenez des médicaments, en particulier ceux qui sont identifiés dans cet article, vous pouvez agir pour vous préparer aux chaleurs de l’été. Voici trois choses que vous pouvez faire :
Protégez-vous de la chaleur extrême et restez hydraté selon les recommandations de votre professionnel de la santé. Consultez la page Web suivante du Gouvernement du Canada pour savoir comment rester au frais pendant les périodes de chaleur, pour rester bien hydraté, et quoi faire en cas de coup de chaleur.
Procédez à une révision de vos médicaments avec votre médecin, votre pharmacien ou votre infirmière. Prenez rendez-vous avec pour effectuer une révision complète de tous vos médicaments. Avec votre professionnel de la santé, vous pourrez identifier les médicaments qui vous mettent à risque d’effets néfastes, incluant les coups de chaleur et la déshydratation par temps chaud. Un plan d’action pourrait ensuite être mis en place pour diminuer votre risque. N’oubliez pas que les médicaments vendus sans ordonnance peuvent également avoir des effets néfastes.
N’hésitez pas à poser la question suivante à votre professionnel de la santé : « Ai-je toujours besoin de tous mes médicaments ? ». La réponse pourrait vous surprendre ! De plus, même s’il n’est pas possible d’arrêter un médicament, le fait d’en réduire la dose pourrait diminuer le risque d’effet néfaste. Par exemple, diminuer graduellement la dose de votre somnifère pourrait vous aider à passer un été plus alerte et plus sécuritaire, en santé.
À propos de l’auteure :
Camille Gagnon, pharmacienne, est directrice adjointe du Réseau canadien pour l’usage approprié des médicaments et la déprescription. Camille est une possède de l’expérience en gestion de programmes cliniques, en pharmacie communautaire, et en enseignement.
Les opinions exprimées ne représentent pas nécessairement celles de Santé Canada.
Docteur, ai-je vraiment besoin d’un antibiotique ?
Lorsque les antibiotiques ne fonctionnent plus pour tuer les bactéries, on parle de résistance aux antibiotiques. Cela signifie que les infections causées par des bactéries peuvent devenir difficiles ou impossibles à traiter avec les antibiotiques. Lire la suite…
Par Janet Currie et Johanna Trimble
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Qu'est-ce que la résistance aux antibiotiques et pourquoi doit-on y porter attention ?
Lorsque les antibiotiques ne fonctionnent plus pour tuer les bactéries, on parle de résistance aux antibiotiques. Cela signifie que les infections causées par des bactéries peuvent devenir difficiles ou impossibles à traiter avec les antibiotiques. On observe par exemple que les infections urinaires sont de plus en plus résistantes aux antibiotiques qui, avant, les guérissaient facilement et rapidement. Autre exemple : certains types de tuberculose sont résistantes à plusieurs antibiotiques et peuvent causer la mort, tout comme elles l’étaient avant l’utilisation des antibiotiques.
Au Canada, plus du quart des infections bactériennes sont maintenant résistantes aux antibiotiques qui devraient efficacement les guérir (1). En 2018, on a estimé que 15 Canadiens meurent chaque jour à cause de la résistance aux antibiotiques (1). Selon l’Organisation mondiale de la santé, la résistance aux antibiotiques est l’une des dix problèmes de santé publique les plus importants de notre époque (2). La résistance aux antibiotiques s’est récemment aggravée en raison d’un moins grand nombre de nouveaux antibiotiques développés au cours des dernières décennies, en particulier ceux qui ciblent les bactéries les plus résistantes.
Pourquoi les aînés devraient-ils se préoccuper de la résistance aux antibiotiques ?
Les Canadiens âgés de 60 ans et plus reçoivent 1,5 fois plus d’ordonnances d’antibiotiques que les autres groupes d’âge (3). Plusieurs raisons expliquent cela. Les aînés peuvent avoir un système immunitaire plus faible, ce qui les rend plus vulnérables aux infections bactériennes. De plus, les personnes qui vivent dans des centres de soins de longue durée ou qui sont hospitalisées sont plus à risque d’être exposées à des « superbactéries » comme le C. difficile. Le C. difficile peut provoquer une diarrhée potentiellement mortelle, en particulier chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli ou chez celles qui ont récemment utilisé des antibiotiques. C. difficile est maintenant résistant à la plupart des antibiotiques.
Quelles sont les causes de la résistance antibiotique ?
L’utilisation d’antibiotiques lorsqu’ils ne sont pas nécessaires
Les antibiotiques sont souvent prescrits pour traiter des maladies qui ne sont pas causées par des bactéries, comme le rhume et la grippe. Un autre exemple commun est lorsqu’un test de laboratoire montre la présence de bactéries dans l’urine, mais qu’il y a aucun symptôme d’une infection urinaire. Cela peut être fréquent chez les aînés. Dans ce contexte, donner des antibiotiques pourrait entraîner une résistance aux antibiotiques.
L’utilisation excessive d’antibiotiques à large spectre
Les antibiotiques à large spectre sont un type d’antibiotique qui tue plusieurs types de bactéries et non pas seulement les bactéries spécifiques responsables de la maladie. Un exemple de ces médicaments sont les fluroquinolones, des antibiotiques à large spectre dont le nom se termine par « floxacine », comme la ciprofloxacine ou Cipro®. Leur surutilisation contribue à la résistance aux antibiotiques. Des antibiotiques qui se concentrent sur les bactéries spécifiques à l’origine de l’infection devraient être utilisés lorsque c’est possible. Parfois, des tests sont nécessaires pour déterminer le type de bactérie en cause. À noter, les fluroquinolones doivent aussi être utilisées avec prudence car elles peuvent causer des effets secondaires nocifs (4).
Ne pas suivre les instructions
Il est important de n’utiliser que les antibiotiques qui vous ont été prescrits et de les prendre pour toute la durée prescrite et ce, même si l’infection semble être guérie avant la fin du traitement.
Une utilisation mondiale d’antibiotiques mal réglementée
Les antibiotiques sont surutilisés dans l’agriculture, la production de fruits de mer et de viande. Dans certains pays, ils sont disponibles sans ordonnance, ce qui entraîne une surconsommation et contribue à la résistance. Les résidus de l'utilisation d'antibiotiques contaminent le sol et l’eau, une autre cause de résistance aux antibiotiques.
Que pouvez-vous faire pour réduire la résistance aux antibiotiques ?
À éviter :
Ne partagez pas vos antibiotiques et n’utilisez pas des antibiotiques restants d’anciennes ordonnances.
Si votre médecin, infirmière, dentiste ou pharmacien vous dit que vous n’avez pas d’antibiotique, n’exigez pas d’en recevoir un.
À faire :
Demandez à votre médecin, infirmière, dentiste ou pharmacien : « Ai-je vraiment besoin d’un antibiotique ? »
Si on vous prescrit des antibiotiques, suivez les conseils de votre médecin, infirmière, dentiste ou pharmacien.
Prenez les antibiotiques tels que prescrits, même si vous vous sentez mieux avant d’avoir terminé.
Prévenez les infections bactériennes :
Lavez-vous les mains régulièrement, surtout après être allé aux toilettes et avant de manger.
Évitez tout contact étroit avec des personnes malades.
Assurez-vous que vos vaccins soient à jour.
Sensibilisez vos proches aux dangers de la résistance aux antibiotiques et aux façons d’utiliser les antibiotiques de façon judicieuse.
PARLEZ TOUJOURS À VOTRE MÉDECIN, VOTRE PHARMACIEN OU VOTRE INFIRMIÈRE AVANT D'ARRÊTER OU DE MODIFIER LA DOSE DE TOUT MÉDICAMENT.
Références
1. Conseil des académies canadiennes. (2019). Quand les antibiotiques échouent. Ottawa (ON): Comité d’experts sur les incidences socioéconomiques potentielles de la résistance aux antimicrobiens au Canada. https://www.rapports-cac.ca/wp-content/uploads/2018/10/Quand-les-antibiotiques-%C3%A9chouent-4.pdf
2. Organisation mondiale de la santé. (17 novembre 2021). Résistance aux antimicrobiens. https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/antimicrobial-resistance
3. Agence de la santé publique du Canada. (3 avril 2018). Prescrire les antibiotiques judicieusement (Points cliniques). Gouvernement du Canada. https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/medicaments-et-produits-sante/prescrire-antibotiques-judicieusement.html
4. Santé Canada. (23 janvier 2017). Résumé de l’examen de l’innocuité - Fluoroquinolones - Évaluation du risque potentiel d’effets secondaires persistants et incapacitants. Gouvernement du Canada. https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/medicaments-produits-sante/medeffet-canada/examens-innocuite/resume-examen-innocuite-fluoroquinolones-evaluation-risque-potentiel-effets.html
À propos des auteures :
Janet Currie est une travailleuse sociale impliquée dans la sécurité des médicaments et des patients depuis plus de 17 ans. Elle est particulièrement préoccupée par la sécurité et l'efficacité des médicaments en psychiatrie et leurs répercussions sur les aînés. Elle est ancienne coprésidente du Réseau canadien pour la santé des femmes et membre du Comité consultatif d'experts sur la vigilance des produits de santé de Santé Canada. Elle possède et gère un site Web sur la sécurité des médicaments psychiatriques et a souvent témoigné devant le Sénat canadien et le Comité permanent de la santé sur la surveillance des médicaments d’ordonnance et les effets nuisibles des médicaments. Elle termine un doctorat sur la sécurité des médicaments et l’usage des médicaments à des fins autres que celles approuvées par Santé Canada, à l’University of British-Columbia. Janet est membre exécutive et présidente du comité de sensibilisation du public du Réseau canadien pour l’usage approprié des médicaments et la déprescription.
Johanna Trimble est une défenseure des droits des patients et membre du BC Patient Voices Network. Elle est membre du sous-comité de soins gériatriques et de soins palliatifs du Council on Health Promotion for Doctors of BC. À titre de conférencière, elle enseigne à des étudiants en médecine de première année à l’University of British-Columbia au sujet de la gériatrie communautaire ainsi qu'à des étudiants en pharmacie, sur les problèmes liés à la médication dans les établissements de soins de longue durée. Johanna est membre active du comité de sensibilisation du public du Réseau canadien pour l’usage approprié des médicaments et la déprescription.
Êtes-vous victime d’une cascade de prescriptions ?
Par Camille Gagnon, Janet Currie et Johanna Trimble
Pour chaque médicament que l’on prend, il y a un risque d’effet secondaire. Plus on prend de médicaments, plus on augmente le risque d’effets secondaires. Chaque fois que vous ressentez de nouveaux symptômes, vous et vos professionnels de la santé devez d’abord déterminer s’ils peuvent être causés par les médicaments que vous prenez. Lire la suite…
Par Camille Gagnon, Janet Currie et Johanna Trimble
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Qu’est-ce qu’une cascade de prescriptions ?
Une cascade de prescriptions peut se produire lorsque vous et/ou vos professionnels de la santé ne réalisez pas que de nouveaux symptômes sont en fait des effets secondaires causés par l’un de vos médicaments. Lorsque cela se produit, un professionnel de la santé peut à tort vous diagnostiquer une nouvelle condition médicale et vous prescrire un nouveau médicament pour traiter les effets secondaires du premier médicament.
Ce nouveau médicament peut également causer des effets secondaires. Lorsque vous et/ou vos professionnels de la santé interprétez ces effets comme étant une autre condition, cela peut conduire à encore plus d’ordonnances. Le résultat ? On peut finir par prendre une cascade de nouveaux médicaments qui ne sont pas nécessaires et qui peuvent nous nuire.
Pour chaque médicament que l’on prend, il y a un risque d’effet secondaire. Plus on prend de médicaments, plus on augmente le risque d’effets secondaires. Chaque fois que vous ressentez de nouveaux symptômes, vous et vos professionnels de la santé devez d’abord déterminer s’ils peuvent être causés par les médicaments que vous prenez. Cela permettra d’éviter un problème commun et évitable appelé la cascade de prescriptions.
L’histoire de Mme Jobin
Mme Jobin, âgée de 75 ans, avait remarqué certains changements au cours des derniers mois. Le soir venu, il lui était difficile de tomber endormie. Elle avait l’impression de passer des heures à se retourner dans son lit, les yeux grands ouverts. Pourtant, sa routine de retraitée était restée intacte : elle voyait ses amis, pratiquait la marche au quotidien et faisait bien attention de limiter le café. Ses médicaments n’avaient pas changé non plus : elle prenait depuis quelques années déjà des médicaments contre la dépression, le cholestérol élevé et la haute pression.
En espérant pouvoir bien dormir au moins pour quelques jours, Mme Jobin s’acheta une petite boîte de somnifères (Sleep-Eze®) sur le plancher de la pharmacie, médicament qu’elle essaya le soir venu. Sans trop de succès. Elle passa un certain temps à attendre le sommeil, mais conclut tout de même qu’il
valait la peine de poursuivre cet essai pour encore quelque temps. Au cours des jours qui suivirent, Mme Jobin remarqua qu’elle avait la bouche très sèche, ce qui la forçait à garder un verre d’eau sur la table de chevet. Le matin, elle se réveillait aussi un peu étourdie – comme si son cerveau était dans la ouate ! Elle nota également qu’elle était plus constipée qu’à l’habitude. Son sommeil, lui, n’était à vrai dire pas tellement meilleur... un peu embêtée, Mme Jobin décida de consulter sa pharmacienne Nadia pour parler de ces nouveaux symptômes, en plus de ses problèmes d’insomnie qui ne s’amélioraient pas.
Après avoir écouté Mme Jobin lui raconter les événements des derniers mois, Nadia lui indiqua que les problèmes de bouche sèche, de constipation et d’étourdissements étaient probablement causés par la prise de ce nouveau somnifère acheté à la pharmacie. Puis, après avoir révisé son dossier, elle lui indiqua qu’il était aussi possible que ses problèmes d’insomnie soient causés par un de ses médicaments réguliers contre la dépression, le bupropion.
« En traitant un effet secondaire possible d’un médicament avec un nouveau médicament, on crée ce qu’on appelle une cascade de prescriptions. Par exemple, ici, il est possible que vous ayez voulu traiter l’insomnie causée par un de vos médicaments, le bupropion, avec un nouveau médicament, un somnifère. On aurait affaire à une cascade de prescriptions. » Mme Jobin était perplexe. Elle prenait le bupropion depuis plus de deux ans, à la même dose. Était-il possible que des effets secondaires apparaissent après un aussi long moment ? La pharmacienne répondit clairement : « Oui. Un effet secondaire peut apparaître n’importe quand. »
Identifier les effets secondaires pour prévenir les cascades de prescriptions
En augmentant le nombre de médicaments que l’on prend, on augmente aussi notre risque de souffrir d’un effet secondaire. C’est ce qui est arrivé à Mme Jobin, qui en prenant un médicament pour traiter son insomnie, s’est retrouvée avec de nouveaux effets secondaires (bouche sèche, constipation et étourdissements). Heureusement, suite à la consultation avec sa pharmacienne, les effets secondaires ont été reconnus. Pour éviter les cascades de prescriptions, la clé est d’identifier lorsque de nouveaux symptômes sont en fait des effets secondaires de certains médicaments.
Lorsqu’on suspecte qu’un symptôme est causé par un médicament, considérez la déprescription avec votre professionnel de la santé. La déprescription est la réduction de dose ou l’arrêt d’un médicament de façon planifiée et supervisée. Le but de la déprescription est de maintenir ou d’améliorer la qualité de vie.
Quelques exemples de cascades de prescriptions :
Que pouvez-vous faire pour prévenir les cascades de prescriptions ?
Il n’est pas toujours facile d’identifier les cascades de prescriptions, car elles peuvent durer des années et impliquer des conditions médicales, des symptômes et des médicaments différents. De nombreux symptômes, tels que la fatigue, la confusion, les étourdissements et les chutes, peuvent en fait être des effets secondaires des médicaments, et non un signe de vieillesse ou une nouvelle condition médicale. Ces effets secondaires peuvent entraîner des hospitalisations et affecter votre vie et votre bien-être. Voici cinq choses que vous pouvez faire pour prévenir les cascades de prescriptions :
Posez des questions. Vous remarquez un nouveau symptôme chez vous ou chez un proche ? Demandez à un professionnel de la santé : « Est-ce que ce pourrait être un effet secondaire causé par mes médicaments ? ». N’assumez pas que votre médecin, votre pharmacien ou votre infirmière est au courant de tout. Si vous avez un doute spécifique par rapport à un médicament, posez la question !
N’oubliez pas les médicaments sans ordonnance. Les médicaments sans ordonnance et les produits de santé naturels peuvent aussi causer des effets indésirables et des cascades de prescriptions. Le somnifère qu’a pris Mme Jobin n’en est qu’un exemple. N’oubliez pas d’inclure ces produits sur votre liste de médicaments et d’en informer vos professionnels de la santé.
Restez vigilant et faites réévaluer vos médicaments régulièrement. De nouveaux effets secondaires des médicaments peuvent apparaître après plusieurs mois, voire plusieurs années à prendre le même médicament à la même dose. Même si sur papier, rien n’a changé, votre corps et votre état de santé changent avec le temps, ce qui peut affecter la façon dont notre corps traite les médicaments. Assurez-vous d’effectuer une révision de vos médicaments au moins une fois par année, et à chaque fois qu’il y a un changement dans vos médicaments.
Considérez la déprescription. Lorsqu’on identifie une cascade de prescriptions, il est pertinent de se demander si on devrait considérer la déprescription, soit réduire la dose ou cesser le médicament. Si c’est le cas, on doit mettre en place un plan approprié en équipe avec un professionnel de la santé.
Est-ce qu’il existe des alternatives ? Est-ce que d’autres traitements plus sécuritaires (médicaments ou pas) pourraient aider à traiter cette condition médicale ?
De retour à Mme Jobin
Suite à leur discussion, la pharmacienne de Mme Jobin lui proposa de contacter son médecin de famille pour lui suggérer de diminuer la dose de bupropion, pour voir si son sommeil s’améliorerait. En attendant la réponse du médecin, elle lui recommanda d’arrêter de prendre les somnifères et lui remit une brochure éducative décrivant des stratégies prouvées efficaces pour mieux dormir, sans médicament.
Environ deux semaines après avoir diminué la dose de l’antidépresseur, Mme Jobin nota une amélioration marquée de son sommeil. Elle avait également apprécié les techniques décrites dans la brochure, qui encouragent un horaire de sommeil régulier et limitent les siestes. Mme Jobin était satisfaite. Sa conclusion ? À l’avenir, elle s’assurera de toujours demander « Est-ce que ce symptôme pourrait être causé par un médicament ? » à sa pharmacienne ou son médecin lors de l’apparition de nouveaux symptômes, pour éviter les cascades de prescriptions !
PARLEZ TOUJOURS À VOTRE MÉDECIN, VOTRE PHARMACIEN OU VOTRE INFIRMIÈRE AVANT D'ARRÊTER OU DE MODIFIER LA DOSE DE TOUT MÉDICAMENT.
À propos des auteures :
Camille Gagnon, pharmacienne clinicienne, est directrice adjointe du Réseau canadien pour l’usage approprié des médicaments et la déprescription. Son objectif : optimiser l’usage des médicaments dans la population en promouvant la déprescription des médicaments qui ne sont plus bénéfiques ou qui peuvent être nuisibles chez les personnes âgées. Elle travaille en clinique de santé familiale à réviser la médication et à prodiguer de l’enseignement aux patients. Elle a aussi travaillé en pharmacie communautaire de même qu’en gestion de programmes cliniques. Finalement, elle a œuvré comme enseignante de pharmacologie auprès de futurs techniciens en pharmacie.
Janet Currie est une travailleuse sociale impliquée dans la sécurité des médicaments et des patients depuis plus de 17 ans. Elle est particulièrement préoccupée par la sécurité et l'efficacité des médicaments en psychiatrie et leurs répercussions sur les aînés. Elle est ancienne coprésidente du Réseau canadien pour la santé des femmes et membre du Comité consultatif d'experts sur la vigilance des produits de santé de Santé Canada. Elle possède et gère un site Web sur la sécurité des médicaments psychiatriques et a souvent témoigné devant le Sénat canadien et le Comité permanent de la santé sur la surveillance des médicaments d’ordonnance et les effets nuisibles des médicaments. Elle termine un doctorat sur la sécurité des médicaments et l’usage des médicaments à des fins autres que celles approuvées par Santé Canada, à l’University of British-Columbia. Janet est membre exécutive et présidente du comité de sensibilisation du public du Réseau canadien pour l’usage approprié des médicaments et la déprescription.
Johanna Trimble est une défenseure des droits des patients et membre du BC Patient Voices Network. Elle est membre du sous-comité de soins gériatriques et de soins palliatifs du Council on Health Promotion for Doctors of BC. À titre de conférencière, elle enseigne à des étudiants en médecine de première année à l’University of British-Columbia au sujet de la gériatrie communautaire ainsi qu'à des étudiants en pharmacie, sur les problèmes liés à la médication dans les établissements de soins de longue durée. Johanna est membre active du comité de sensibilisation du public du Réseau canadien pour l’usage approprié des médicaments et la déprescription.
Tout ce que vous devriez savoir sur les médicaments anticholinergiques
Par Johanna Trimble et Janet Currie
Certains médicaments que vous prenez pour traiter les allergies, le sommeil, les nausées, la dépression ou l’incontinence appartiennent à un groupe de médicaments appelés les médicaments anticholinergiques. Ils agissent en bloquant l’effet d’une substance chimique dans votre corps appelée l’acétylcholine. Lire la suite…
Par Johanna Trimble et Janet Currie
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Qu’est ce qu’un médicament anticholinergique ?
Certains médicaments que vous prenez pour traiter les allergies, le sommeil, les nausées, la dépression ou l’incontinence appartiennent à un groupe de médicaments appelés les médicaments anticholinergiques. Ils agissent en bloquant l’effet d’une substance chimique dans votre corps appelée l’acétylcholine. L’acétylcholine est essentielle au fonctionnement du corps. Elle vous aide à rester vigilant, à garder un rythme cardiaque régulier, à respirer, à digérer les aliments, à transpirer et à vider la vessie. Lorsque vous prenez un médicament anticholinergique, il agit sur de nombreuses parties du corps en même temps.
Comment savoir si je prends un médicament anticholinergique ?
Les médicaments anticholinergiques peuvent être prescrits ou encore achetés sans ordonnance. Voici certains des types de médicaments anticholinergiques les plus courants* :
Médicaments contre les allergies (par exemple, Benadryl® – diphenhydramine)
Médicaments contre la nausée (par exemple, Gravol® – dimenhydrinate)
Antidépresseurs (par exemple, Paxil® – paroxétine)
Antipsychotiques (par exemple, Seroquel® – quétiapine)
Médicaments contre l’incontinence urinaire (par exemple, Ditropan® – oxybutynine)
Somnifères (par exemple, trazodone ou des médicaments en vente libre comme Nytol® ou Sominex®)
Relaxants musculaires (par exemple, Robaxin® – méthocarbamol)
Tous les opioïdes
Combinaison de deux médicaments ou plus (par exemple, Tylenol PM® ou autres médicaments avec « PM » dans leur nom, qui contiennent l’ingrédient diphenhydramine)
*Cette liste n’inclut pas tous les médicaments anticholinergiques.
Le saviez-vous ?
Des ingrédients anticholinergiques puissants peuvent se retrouver dans plusieurs médicaments en vente libre. Lisez toujours la liste des ingrédients sur l'emballage de tous les médicaments que vous achetez. S'il y a deux ingrédients ou plus, c’est une combinaison. Une combinaison peut contenir un médicament anticholinergique. Par exemple, la diphenhydramine ou le dimenhydrinate sont des médicaments anticholinergiques puissants que l'on trouve dans de nombreux produits de vente libre.
DEMANDEZ À VOTRE MÉDECIN, VOTRE PHARMACIEN OU VOTRE INFIRMIÈRE SI LES MÉDICAMENTS QUE VOUS PRENEZ ONT DES EFFETS ANTICHOLINERGIQUES.
Les aînés sont plus à risque de souffrir des effets néfastes des médicaments anticholinergiques. Pourquoi ?
Avec le vieillissement, notre foie et nos reins n’éliminent plus aussi bien les médicaments. Nous devenons donc plus sensibles à leurs effets. De plus, de nombreuses personnes âgées ont plus d'un problème de santé et prendront de nombreux médicaments, y compris un ou plusieurs médicaments anticholinergiques. Plus une personne prend de médicaments, plus il est probable qu'elle aura des effets secondaires indésirables.
Quels sont les effets secondaires des médicaments anticholinergiques ?
Les médicaments anticholinergiques peuvent causer de nombreux effets secondaires différents. Les effets secondaires peuvent apparaître à tout moment, même après plusieurs années à prendre le même médicament. Vous pourriez penser que de nouveaux symptômes sont une nouvelle maladie, alors qu'en fait ce sont des effets secondaires de vos médicaments.
Votre risque de souffrir d’un effet secondaire est plus élevé si :
vous prenez une dose plus élevée des médicaments;
vous prenez le médicament pendant une longue période de temps;
vous prenez plus d'un type de médicaments anticholinergiques.
Voici quelques effets secondaires courants des médicaments anticholinergiques :
La prise de médicaments anticholinergiques augmente-t-elle mon risque de souffrir de démence ?
Quelques études suggèrent que les personnes âgées qui utilisent des médicaments anticholinergiques pendant une longue période ou à des doses plus élevées pourraient présenter un risque plus élevé de souffrir de démence. La recherche n'a pas encore prouvé ce lien, mais cela suggère que les personnes âgées devraient limiter le nombre de médicaments anticholinergiques qu'elles prennent et utiliser la dose la plus faible possible, pendant la durée la plus courte possible.
Comment puis-je réduire mon risque d'effets secondaires causés par les médicaments anticholinergiques ?
PARLEZ TOUJOURS À VOTRE MÉDECIN, VOTRE PHARMACIEN OU VOTRE INFIRMIÈRE AVANT D'ARRÊTER OU DE MODIFIER TOUT MÉDICAMENT.
Références
Coupland CAC, Hill T, Dening T, Morriss R, Moore M, Hippisley-Cox J. Anticholinergic Drug Exposure and the Risk of Dementia: A Nested Case-Control Study. JAMA Intern Med. 2019;179(8):1084–1093. doi:10.1001/jamainternmed.2019.0677 https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/2736353
King R, Rabino S. ACB Calculator. http://www.acbcalc.com
À propos des auteures :
Johanna Trimble est une défenseure des droits des patients et membre du BC Patient Voices Network. Elle est membre du sous-comité de soins gériatriques et de soins palliatifs du Council on Health Promotion for Doctors of BC. À titre de conférencière, elle enseigne à des étudiants en médecine de première année à l’University of British-Columbia au sujet de la gériatrie communautaire ainsi qu'à des étudiants en pharmacie, sur les problèmes liés à la médication dans les établissements de soins de longue durée. Johanna est membre active du comité de sensibilisation du public du Réseau canadien pour l’usage approprié des médicaments et la déprescription.
Janet Currie est une travailleuse sociale impliquée dans la sécurité des médicaments et des patients depuis plus de 17 ans. Elle est particulièrement préoccupée par la sécurité et l'efficacité des médicaments en psychiatrie et leurs répercussions sur les aînés. Elle est ancienne coprésidente du Réseau canadien pour la santé des femmes et membre du Comité consultatif d'experts sur la vigilance des produits de santé de Santé Canada. Elle possède et gère un site Web sur la sécurité des médicaments psychiatriques et a souvent témoigné devant le Sénat canadien et le Comité permanent de la santé sur la surveillance des médicaments d’ordonnance et les effets nuisibles des médicaments. Elle termine un doctorat sur la sécurité des médicaments et l’usage des médicaments à des fins autres que celles approuvées par Santé Canada, à l’University of British-Columbia. Janet est membre exécutive et présidente du comité de sensibilisation du public du Réseau canadien pour l’usage approprié des médicaments et la déprescription.
Vos médicaments vous aident-ils vraiment ? Quelques pistes pour vous en assurer
Par Dre Cara Tannenbaum
Aujourd’hui, il semble que chacun de nos maux peut être traité à l’aide d’une pilule. Les médicaments soulagent des symptômes, guérissent des maladies et peuvent même prolonger la vie. Lire la suite…
Par Dre Cara Tannenbaum, gériatre à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal et directrice, Réseau canadien pour l’usage approprié des médicaments et la déprescription.
Aujourd’hui, il semble que chacun de nos maux peut être traité à l’aide d’une pilule. Les médicaments soulagent des symptômes, guérissent des maladies et peuvent même prolonger la vie. Pas étonnant de voir qu’à l’heure actuelle, deux tiers des Canadiens de plus de 65 ans prennent au moins cinq médicaments d'ordonnance tandis que près d'un tiers d’entre eux en prend dix ou plus.
Pourtant, il y a plusieurs raisons de s’en préoccuper : en vieillissant, notre corps devient plus sensible aux effets des médicaments et les élimine moins bien. Cela augmente le risque d’effets indésirables, tel que les interactions médicamenteuses, les chutes, les fractures, les problèmes de mémoire et même les hospitalisations et décès causés par les médicaments. En augmentant le nombre de médicaments chez un même individu, on accroît le risque que ces effets nuisibles se produisent.
Il est alarmant de savoir que 40% des Canadiens de plus de 65 ans consomment des médicaments étant jugés inutiles ou potentiellement nuisibles pour eux. Parmi ceux-ci : les somnifères, l’usage à long terme d’inhibiteurs de la pompe à protons pour le reflux gastrique et les antipsychotiques pour traiter l'insomnie ou en contexte de démence. Les opioïdes sont une autre catégorie de médicaments souvent utilisés pour traiter la douleur chronique non cancéreuse et connus comme étant à haut risque d’effets nuisibles.
C’est pour ces raisons qu’en tant que gériatre, je conseille aux patients d'essayer des thérapies non médicamenteuses pour traiter leurs symptômes, lorsque c’est possible. Cela peut nécessiter plus de temps et d'efforts, mais c’est souvent plus sécuritaire et efficace.
À vous de jouer !
Prenez rendez-vous avec votre médecin, infirmière ou pharmacien pour procéder à une révision complète de vos médicaments. Assurez-vous que cela soit fait régulièrement : notre corps et notre état de santé changent constamment - ce qui était bon pour vous auparavant ne l’est peut-être plus aujourd’hui...
Votre médecin vous suggère de débuter un nouveau médicament? Vous avez le droit de demander à quoi il servira, quels sont ses bénéfices ainsi que les risques d’effets nuisibles. Prendre des médicaments doit toujours être un choix éclairé.
Vous aimeriez savoir s’il est possible de cesser certains de vos médicaments? Demandez à votre professionnel de la santé si la déprescription est pour vous. La déprescription est la réduction ou l’arrêt de médicaments qui ne sont plus bénéfiques ou qui peuvent être nuisibles. Consultez toujours un professionnel de la santé avant de cesser ou modifier la dose d’un médicament.
Consultez le site web du Réseau canadien pour l’usage approprié des médicaments et la déprescription, qui regorge de ressources utiles sur la saine gestion des médicaments : www.reseaudeprescription.ca.
Pour quelle raison prenez-vous un IPP ?
Par Dre Cara Tannenbaum
À l’âge de 67 ans, M. Rivard aimait se décrire comme étant un homme en bonne santé. Vers la fin de l’année dernière, l’apparition de fortes sensations de brûlures à l’estomac et à la gorge particulièrement après les repas, ont toutefois commencé à l’incommoder. Lire la suite…
Par Dre Cara Tannenbaum, gériatre et directrice, Réseau canadien pour l’usage approprié et la déprescription
À l’âge de 67 ans, M. Rivard aimait se décrire comme étant un homme en bonne santé. Vers la fin de l’année dernière, l’apparition de fortes sensations de brûlures à l’estomac et à la gorge, particulièrement après les repas, ont toutefois commencé à l’incommoder. L’inconfort était tel que parfois, son sommeil s’en trouvait incommodé. M. Rivard a donc consulté son médecin de famille, à la recherche d’une solution pour ces nouveaux symptômes.
Selon Dr Sabbah, son médecin de famille, M. Rivard souffrait de reflux gastrique. Pour atténuer ses symptômes, Dr Sabbah lui a prescrit de l’oméprazole, un inhibiteur de la pompe à protons (IPP). Dr Sabbah lui a expliqué que les IPP sont fréquemment utilisés pour soulager les brûlures d'estomac et le reflux gastrique, en réduisant la production d'acide dans l'estomac. Après la prise de son nouveau médicament, M. Rivard se sentit mieux rapidement. Tout revint à la normale en l’espace d’une semaine.
Quelques mois plus tard, M. Rivard procédait au renouvellement de ses ordonnances. Sa pharmacienne, Paula, a remarqué qu'il prenait de l'oméprazole depuis quelque temps déjà. « Savez-vous pour quelle raison vous prenez de l'oméprazole depuis trois mois ? demanda-t-elle.
– J'ai eu de graves brûlures d'estomac et mon médecin me l'a prescrit. Cela m’a vraiment aidé , a répondu M. Rivard. Pourquoi, y a-t-il un problème ?
– Lorsque ce médicament est utilisé pour traiter le reflux gastrique, on ne devrait normalement le prendre que pendant 4 à 8 semaines. Cependant, il existe des cas où les patients ont besoin de ces médicaments plus longtemps. Par exemple, certaines personnes prennent des médicaments anti-inflammatoires pendant une longue période et ont besoin d'un IPP pour protéger leur estomac des effets secondaires, a expliqué Paula. D'autres ont un diagnostic tel que l’œsophage de Barrett, qui requiert un usage chronique d’IPP. Cependant, trop souvent les IPP sont surprescrits et utilisés plus longtemps que nécessaire chez les patients comme vous, souffrant de reflux gastrique.
– M. Rivard était un peu confus : « Pourquoi serait-ce si grave? Ces médicaments ne semblent pas me causer d’effets secondaires », a-t-il déclaré.
Paula a expliqué la nécessité d’évaluer les avantages et les risques de tous les médicaments. « Pris à long terme, les IPP sont associés à certains effets secondaires sérieux, a fait remarquer Paula. Il existe un risque plus élevé de fractures de la hanche, de pneumonie, d'infections intestinales, de problèmes rénaux ainsi que de carences en vitamine B12 et en magnésium lorsqu’on prend un IPP.
– M. Rivard acquiesça. « Je suis bien d’accord, il est logique d’arrêter un médicament si je n’en ai pas vraiment besoin, surtout quand cela peut provoquer des effets secondaires. De plus, je n'aime pas l'idée de dépenser de l'argent pour quelque chose dont je n'ai pas réellement besoin. »
Le doute a envahi M. Rivard. Ces risques l’inquiétaient, mais d’autres préoccupations l’ont rattrapé. « Que se passera-t-il si mes brûlements d’estomac reviennent ? C’était vraiment grave, je n’arrivais même plus à dormir ! Paula calma ses inquiétudes. Il y a plusieurs façons de réduire les chances de souffrir de symptômes de rebond. On peut diminuer la dose du médicament, ou alors le prendre à tous les deux jours. Autrement, une façon qui convient à plusieurs personnes est de prendre le médicament seulement au besoin, lorsqu’ils ont des symptômes. » Elle lui a donné cette brochure, qui expliquait le processus en détails.
« Lorsque vous avez des brûlures d'estomac ou des reflux gastriques, il est plus prudent d’essayer de prendre de la ranitidine (Zantac®) ou des antiacides, y compris Tums®, Rolaids® ou Maalox®, pour maîtriser vos symptômes. Utilisez-les uniquement lorsque cela est nécessaire, a-t-elle conseillé. La plupart des personnes qui ont des brûlures d'estomac n'ont même pas besoin de médicaments. Plusieurs changements au niveau du mode de vie peuvent vous aider. Vous pouvez manger de plus petits repas et éviter de manger avant le coucher. Si vous éprouvez de l’inconfort pendant la nuit, gardez la tête surélevée avec des oreillers supplémentaires lorsque vous dormez. Vous pouvez également éviter les aliments qui aggravent les brûlures d'estomac, tels que les aliments épicés, les boissons contenant de la caféine et l'alcool. Perdre du poids et éviter de fumer réduit également le risque de développer des brûlures d'estomac. »
M. Rivard était plutôt perplexe face à tout cela, mais heureux d’avoir été mis au fait de ces informations. Il a accepté que Paula contacte le Dr Sabbah afin de diminuer sa dose d'IPP pendant 4 semaines, pour ensuite le cesser complètement. Son médecin a accepté de déprescrire son IPP. La déprescription signifie cesser un médicament ou en réduire la dose lorsqu’il n’a plus d’effet bénéfique ou qu’il peut être nuisible.
M. Rivard a graduellement arrêté son IPP avec l'aide de son médecin et de son pharmacien. Maintenant, quand il a des brûlures d'estomac, il prend Tums® ou Rolaids®, qui soulagent bien ses symptômes. Il a également perdu du poids, a commencé à faire du sport plus souvent et évite les aliments qui peuvent causer des brûlures d'estomac, comme le café et l'alcool. Ces changements ont eu un impact très positif sur sa santé !
M. Rivard se considère chanceux d’avoir pu apprendre ces informations pertinentes à sa santé et ses médicaments. Quelques tests lui ont permis de déterminer les facteurs aggravants son reflux, comment le prévenir et le gérer en toute sécurité lorsque cela se produit. Il apprécie que les professionnels de la santé aient pris le temps de cesser un médicament dont il n'avait plus besoin. Il a même raconté son histoire à ses amis et à sa famille, pour les encourager à en parler avec leur infirmière, leur médecin ou leur pharmacien.
Si vous prenez un IPP, assurez-vous que l’on vous prescrive la dose la plus faible pour la période la plus courte possible.
Vous n’êtes pas sur de savoir si vous prenez un IPP? Voici une liste:
Liste d’IPP
Marque
Losec
Nexium
Dexilant
Prevacid
Pariet
Pantoloc
Tecta
Nom générique
Oméprazole
Esoméprazole
Dexlansoprazole
Lansoprazole
Rabéprazole
Pantoprazole sodium
Pantoprazole magnésium
N'arrêtez jamais un médicament sans d'abord en parler à votre médecin, votre infirmière ou à votre pharmacien.
Pour plus d'informations sur les IPP et les alternatives plus sûres, consultez cette brochure.
Est-ce que votre mère prend des médicaments?
par Johanna Trimble
Notre mère était heureuse, vivait de manière indépendante dans son appartement et était impliquée dans sa communauté. Mais en 2003, à l’âge de 86 ans, elle fut admise au Health Centre. La veille, elle avait demandé à sa fille de la mener à l’urgence. Lire la suite…
Par Johanna Trimble
Notre mère était heureuse, vivait de manière indépendante dans son appartement et était impliquée dans sa communauté. Mais en 2003, à l’âge de 86 ans, elle fut admise au Health Centre. La veille, elle avait demandé à sa fille de la mener à l’urgence : « J’étais faible et étourdie et je savais que je ne pouvais pas rester debout sans m’évanouir ». Elle avait la grippe mais pas de pneumonie. Elle était déshydratée et avait un faible taux de sodium. Elle a reçu un soluté intraveineux puis a eu son congé. Comme elle ne se sentait toujours pas bien, son médecin lui a suggéré de prendre quelques jours de rétablissement dans le Health Centre affilié puis de retourner chez elle.
La cascade médicamenteuse
Cependant, après son admission au Health Centre, son statut cognitif a décliné brusquement et de manière étonnante et elle ne fut pas retournée chez elle. Deux antidépresseurs ISRS différents ont été administrés sans consulter la famille. Le premier lui a donné des hallucinations. Au lieu de penser à une dépression, nous croyions qu’elle était affligée par sa perte : son appartement, son indépendance, sa vie privée et ses amis – sa vie.
Elle a commencé à être agitée, désillusionnée, et elle était incapable de distinguer les rêves de la réalité. Elle était « endormie » et difficile à réveiller même dans la journée. Ça ne ressemblait pas à une sieste normale. Elle évoluait de manière inexplicable, avait des mouvements répétés de son bras, une transpiration soudaine, des épisodes d’accélération cardiaque et un manque de coordination. Ce n’était pas Maman!
Elle prenait dorénavant neuf médicaments, et l’équipe médical disait « ce n’est vraiment pas beaucoup »! Après l’avoir observée et écouté attentivement pendant ses moments de lucidité, alors qu’elle était capable de nous parler de ses symptômes, nous suspections que les médicaments pouvaient être la source du problème. Nous avons découvert qu’elle avait peut-être le « syndrome sérotoninergique » causé par les interactions médicamenteuses.
La déprescription
Notre famille s’est rencontrée afin de coordonner notre approche. Nous avons fait des recherches puis nous avons rencontré l’équipe médicale dans le but d’obtenir un « congé de médicaments ». Nous avons réussi. Le psychiatre du Centre avait récemment fait une visite et a prescrit du donépézil pour une « démence vasculaire ». Nous avons refusé le médicament, lequel avait des effets néfastes possibles et seulement un faible bénéfice statistique avec aucune garantie d’un effet clinique. À ce moment-là, nous avions demandé à l’équipe médicale de ne prescrire aucun médicament que nous n’aurions pas approuvé.
Le « congé de médicament » a rapidement ramené Maman sur le plan cognitif! Complètement! Son état mental était revenu à la normale, elle était mieux physiquement et pouvait se lever. Elle s’est améliorée au point où nous pouvions la sortir en chaise roulante pliable et l’amener à son restaurant préféré pour manger des huîtres et boire du vin blanc. Ceci nous a procuré à tous une grande joie. Elle avait 3 années de plus de bonne vie malgré que, à notre déception, elle n’a jamais pu retourner dans son appartement – ou même vivre avec une assistance. Elle avait été alitée trop longtemps et avait tant perdu de ses capacités qu’elle ne pouvait plus partir du Centre. Ceci représente un grand danger pour les aînés et c’est pourquoi il est important de remédier rapidement aux interactions médicamenteuses et aux effets indésirables. Ça peut affecter la façon dont ils peuvent vivre leur reste de leur vie.
Maman est décédée quatre ans plus tard (octobre 2008). Elle a transmis sa philosophie de vie terre-à-terre : « la religion c’est réellement la façon dont tu traites les autres personnes ». Ses dernières semaines ont été remarquables et mouvementées : elle avait l’intention de transmettre à sa famille ce qu’elle avait appris sur la vie et nous dire à quel point elle nous aimait. Nous n’aurions jamais reçu ce dernier cadeau si elle était décédée dans son état désillusionné causé par les médicaments. Elle serait morte sans même nous avoir reconnus.
Les longues heures passées avec Maman nous ont permis d’observer, de poser des questions et d’écouter. Nous avons comparé ses symptômes avec les effets indésirables des médicaments qu’elle prenait. Les médecins voient souvent les effets indésirables des médicaments comme une autre « condition » et plus de médicaments s’ensuivent – c'est la « cascade de médicamenteuse ». Nous avons fait tout notre possible par amour et respect. Les professionnels de la santé n’ont pas le temps pour ça et ils ne connaissent pas l’état initial du patient, particulièrement s’il est admis pour la première fois. Ils ne peuvent donc pas détecter les changements causés par de nouveaux médicaments. La rétroaction de la famille est essentielle pour que les patients soient en sécurité et se sentent bien. Médecins – veuillez demander plutôt que d’ignorer, de mépriser ou même de vous en indigner. Demandez activement pour une rétroaction de la famille!
Nous avons vu tant d’isolation et de solitude chez de nombreux résidents. Il y a peu de raisons de rester sain. Des femmes menues en chaise roulante s’approchent de vous dans le corridor et murmurent « aidez-moi, aidez-moi! » Le bruit des télévisions résonne dans les corridors. Plusieurs dorment ou regardent dans le vide. L’isolation et l’ennui troublent les frontières entre le sommeil, le rêve et l’éveil. Il est étrange à quel point les opposés coexistent ici et créent le pire des deux mondes : isolation et manque de vie privée – anxiété et ennui.
Parlez à vos enfants et votre médecin de famille; dites-leur comment vous voulez que soit votre vie d’aîné. Est-ce que ce qu’on appelle « l’épidémie » de maladie d’Alzheimer et de démence peut être, à certains degrés, un reflet de l’étendue et de l’augmentation de la sur-médication? Des études récentes révèlent un lien entre le risque augmenté de démence et les médicaments anticholinergiques courants. Soyez plus informés au sujet de ce que vous prenez et pourquoi vous les prenez, et soyez des défenseurs pour les aînés qui ne peuvent pas l’être pour eux-mêmes.
Johanna Trimble est une défenseure active des patients et des familles à Vancouver, Colombie-Britannique. Visitez son site web en cliquant ici (disponible en anglais seulement).
Mieux gérer vos médicaments : 9 conseils utiles
Par Johanna Trimble et Janet Currie
Faites le suivi de vos médicaments. C'est à vous ou à vos proches de faire le suivi des médicaments que vous prenez. Il est peu probable que tous les professionnels de la santé que vous consultez aient accès à votre liste de médicaments en ligne! Les différents dossiers médicaux électroniques ne communiquent pas tous entre eux. Lire la suite…
Par Johanna Trimble et Janet Currie
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Consultez toujours votre médecin avant d'arrêter, modifier ou commencer un médicament.
1. Faites le suivi de vos médicaments. C'est à vous ou à vos proches de faire le suivi des médicaments que vous prenez. Il est peu probable que tous les professionnels de la santé que vous consultez aient accès à votre liste de médicaments en ligne! Les différents dossiers médicaux électroniques ne communiquent pas tous entre eux.
2. Gardez une liste. Pour votre sécurité, portez toujours une liste de médicaments MISE À JOUR sur vous et gardez une autre copie aimantée à votre réfrigérateur. Assurez-vous d'y inclure les médicaments en vente libre ainsi que ceux prescrits par des spécialistes.
3. Faites affaire avec une seule pharmacie. Essayez de remplir vos ordonnances dans une seule pharmacie afin de faciliter l’évaluation des interactions médicamenteuses. La liste de vos médicaments fournie par une pharmacie montrera seulement ce que cette même pharmacie vous a servi.
4. Ne commencez pas un nouveau médicament quand vous êtes seul. C’est un phénomène rare, mais si vous avez une réaction allergique grave, vous aurez besoin d'aide médicale immédiate. Ne prenez jamais un médicament d'ordonnance destiné à quelqu'un d'autre.
5. Vérifiez votre ordonnance. Lorsque vous recevez vos médicaments à la pharmacie, vérifiez toujours votre nom et le nom du médicament sur la bouteille. Il est arrivé que des gens qui portaient le même nom aient reçu l’ordonnance d’un autre individu.
6. Soyez conscient des effets secondaires. Si vous remarquez un symptôme après avoir pris un nouveau médicament, ne supposez pas qu'il s'agit d'une « nouvelle condition médicale » ou que cela est causé par « l’âge ». Dites-le immédiatement à votre médecin ou à votre pharmacien. Ce pourrait être le signe d’un effet secondaire d’un médicament ou le résultat d’une interaction avec un autre médicament que vous prenez déjà.
7. Faites attention aux cascades médicamenteuses. Parfois, de nouveaux médicaments peuvent être prescrits pour traiter les effets secondaires causés par un médicament que vous prenez déjà. C'est ce qu'on appelle les « cascades médicamenteuses ». Un exemple courant est lorsqu’on prescrit un médicament pour traiter des maux d'estomac causés par un autre médicament. Demandez à votre médecin de considérer si ces nouveaux symptômes pourraient être causés par des médicaments et si vous devriez envisager d'arrêter de prendre un médicament ou de réduire la dose. Cesser ou réduire la dose d’un médicament en collaboration avec un professionnel de la santé s’appelle la déprescription.
8. Être à l'affût des changements. Dites à votre médecin comment les nouveaux médicaments vous affectent et si vous avez noté un changement, pour le meilleur ou pour le pire. Les médecins comptent sur vous pour mentionner les changements que vous observez. Si vous VOYEZ quelque chose (ou ressentez quelque chose), DITES-LE (comme à l'aéroport!). Partager ses inquiétudes concernant les effets nuisibles d'un médicament est essentiel.
9. Les aînés sont plus sensibles aux médicaments. En raison des changements au niveau du fonctionnement des reins et du foie, les aînés deviennent plus sensibles aux médicaments en vieillissant. Dans de nombreux cas, les médicaments devraient être prescrits à de plus faibles doses chez les aînés. Plus on prend de médicaments, plus les risques d'interactions médicamenteuses sont élevés. Les médicaments couramment prescrits aux aînés peuvent causer des étourdissements et une perte d'équilibre, entraîner des chutes, des fractures et même des hospitalisations, ainsi qu’avoir un impact négatif sur la cognition et la mémoire. Les effets nuisibles des médicaments peuvent survenir même si vous les prenez depuis longtemps. Votre médecin compte sur vous pour signaler ces problèmes. Pour des pistes sur comment commencer la discussion à propos de la possibilité de déprescrire certains médicaments, consultez: https://www.reseaudeprescription.ca/conversation/
Pour en savoir plus sur la saine gestion des médicaments, visitez ce site web : https://www.reseaudeprescription.ca/
À propos des auteures :
Johanna Trimble est une défenseure des droits des patients et membre du BC Patient Voices Network. Elle est membre du sous-comité de soins gériatriques et de soins palliatifs du Council on Health Promotion for Doctors of BC. À titre de conférencière, elle enseigne à des étudiants en médecine de première année à l’University of British-Columbia au sujet de la gériatrie communautaire ainsi qu'à des étudiants en pharmacie, sur les problèmes liés à la médication dans les établissements de soins de longue durée. Johanna est membre active du comité de sensibilisation du public du Réseau canadien pour l’usage approprié des médicaments et la déprescription.
Janet Currie est une travailleuse sociale impliquée dans la sécurité des médicaments et des patients depuis plus de 17 ans. Elle est particulièrement préoccupée par la sécurité et l'efficacité des médicaments en psychiatrie et leurs répercussions sur les aînés. Elle est ancienne coprésidente du Réseau canadien pour la santé des femmes et membre du Comité consultatif d'experts sur la vigilance des produits de santé de Santé Canada. Elle possède et gère un site Web sur la sécurité des médicaments psychiatriques et a souvent témoigné devant le Sénat canadien et le Comité permanent de la santé sur la surveillance des médicaments d’ordonnance et les effets nuisibles des médicaments. Elle termine un doctorat sur la sécurité des médicaments et l’usage des médicaments à des fins autres que celles approuvées par Santé Canada, à l’University of British-Columbia. Janet est membre exécutive et présidente du comité de sensibilisation du public du Réseau canadien pour l’usage approprié des médicaments et la déprescription.
Mieux gérer vos médicaments : 5 nouvelles astuces
Par Johanna Trimble et Janet Currie
Demandez une révision de vos médicaments. Demandez à votre médecin ou à votre pharmacien de réviser tous vos médicaments, surtout si vous en prenez plusieurs ou s'ils ont été prescrits par différents médecins. Lire la suite…
Par Johanna Trimble et Janet Currie
La déprescription signifie cesser un médicament ou en réduire la dose lorsqu’il n’a plus d’effet bénéfique ou qu’il peut être nuisible. Le but de la déprescription est de maintenir ou améliorer la qualité de vie. Consultez toujours votre médecin avant d'arrêter, modifier ou commencer un médicament.
1. Demandez une révision de vos médicaments. Demandez à votre médecin ou à votre pharmacien de réviser tous vos médicaments, surtout si vous en prenez plusieurs ou s'ils ont été prescrits par différents médecins. En d'autres mots, cela veut dire revoir votre liste de médicaments pour vous assurer qu'ils sont toujours nécessaires et ne sont pas à risque de causer des problèmes en vieillissant. Assurez-vous d'inclure les médicaments de vente libre (non-prescrits) et ceux prescrits par des spécialistes. Votre médecin pourrait vous donner un rendez-vous plus long que les 10 minutes habituelles pour ce genre de consultation. C'est à vous de demander une révision de vos médicaments : ne présumez pas que cela sera fait annuellement. N'oubliez pas de demander à votre médecin s'il est possible d'arrêter ou réduire la dose de certains médicaments suite à la révision de votre liste.
2. En foyer de soins de longue durée, soyez vigilant et réagissez rapidement en cas de problème lié aux médicaments. Assurez-vous d'obtenir rapidement des réponses lorsque vous avez des inquiétudes concernant vos médicaments ou ceux d'un membre de votre famille résidant dans un foyer de soins de longue durée. Les patients peuvent voir leur santé et leur mobilité se détériorer rapidement s'ils se trouvent alités à cause d'une interaction médicamenteuse. Un délire (un état réversible de désorientation, d'agitation ou de somnolence) ou un comportement inhabituel peuvent être causés par des médicaments et confondus avec une maladie chronique grave telle que la démence. Alertez les membres de votre famille et préparez-vous à consulter les membres de la direction de la résidence si vous avez des inquiétudes sérieuses ou si vous n'obtenez pas de réponse satisfaisante à vos questions. Si vous éprouvez de l'anxiété à l'idée de partager vos inquiétudes au sujet des médicaments, prenez rendez-vous avec le personnel soignant et demandez à un membre de votre famille de vous y accompagner.
3. Évitez les médicaments anticholinergiques. Les aînés reçoivent souvent des ordonnances de médicaments anticholinergiques (médicaments qui affectent l'action de l'acétylcholine, un neurotransmetteur) pour des affections courantes telles que la vessie hyperactive, les allergies, les problèmes gastro-intestinaux, la maladie de Parkinson et la dépression. Les aînés sont très sensibles aux effets néfastes des médicaments anticholinergiques. Ces médicaments peuvent avoir un impact négatif sur le cerveau en provoquant le délire, la confusion et des problèmes de mémoire ainsi que des effets physiques tels que la bouche sèche, la constipation et la vision brouillée. Des recherches actuelles explorent le lien entre ces médicaments et le développement de la démence. Bien que ce lien soit toujours à l'étude, les personnes âgées devraient éviter ces médicaments lorsque c'est possible ou demander une thérapie alternative plus sécuritaire.
4. Posez des questions et soyez vigilant. Lorsque votre médecin vous suggère de débuter un nouveau médicament, vous avez le droit de demander à quoi sert le médicament, quels sont ses bénéfices et les risques d'effets nuisibles. Le médicament est-il prescrit en prévention d'une autre condition? Quelle est la probabilité que vous tombiez malade si vous ne le prenez pas? Les effets nuisibles du médicaments dépassent-ils les bénéfices? Il ne vaut peut-être pas la peine de subir les effets secondaires d'un médicament pour réduire de peu les risques d'une maladie future.
5. Demandez si la déprescription est appropriée pour vous. Si un médicament vous dérange, demandez à votre médecin ou à votre pharmacien s'il est possible de l'arrêter temporairement ou de réduire la dose du médicament en surveillant attentivement les résultats. S'il ne s'agit pas d'un médicament essentiel pour votre santé, il est raisonnable d'évaluer s'il n'est pas la cause d'effets nuisibles. Trouvez plus d'informations ici.
Consultez la première partie de cet article - Mieux gérer vos médicaments : 9 conseils utiles
À propos des auteures :
Johanna Trimble est une défenseure des droits des patients et membre du BC Patient Voices Network. Elle est membre du sous-comité de soins gériatriques et de soins palliatifs du Council on Health Promotion for Doctors of BC. À titre de conférencière, elle enseigne à des étudiants en médecine de première année à l’University of British-Columbia au sujet de la gériatrie communautaire ainsi qu'à des étudiants en pharmacie, sur les problèmes liés à la médication dans les établissements de soins de longue durée. Johanna est membre active du comité de sensibilisation du public du Réseau canadien pour l’usage approprié des médicaments et la déprescription.
Janet Currie est une travailleuse sociale impliquée dans la sécurité des médicaments et des patients depuis plus de 17 ans. Elle est particulièrement préoccupée par la sécurité et l'efficacité des médicaments en psychiatrie et leurs répercussions sur les aînés. Elle est ancienne coprésidente du Réseau canadien pour la santé des femmes et membre du Comité consultatif d'experts sur la vigilance des produits de santé de Santé Canada. Elle possède et gère un site Web sur la sécurité des médicaments psychiatriques et a souvent témoigné devant le Sénat canadien et le Comité permanent de la santé sur la surveillance des médicaments d’ordonnance et les effets nuisibles des médicaments. Elle termine un doctorat sur la sécurité des médicaments et l’usage des médicaments à des fins autres que celles approuvées par Santé Canada, à l’University of British-Columbia. Janet est membre exécutive et présidente du comité de sensibilisation du public du Réseau canadien pour l’usage approprié des médicaments et la déprescription.
Préoccupés par les médicaments que prennent vos proches?
Par Janet Currie et Johanna Trimble
Les membres de la famille sont souvent les premiers à remarquer les effets des médicaments d'ordonnance sur leurs proches. Lire la suite…
Par Janet Currie et Johanna Trimble
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Les membres de la famille sont souvent les premiers à remarquer les effets des médicaments d'ordonnance sur leurs proches.
Des problèmes de mémoire, une sédation excessive, de la confusion, des étourdissements, des problèmes d'équilibre, des chutes ou un comportement inhabituel sont des exemples d’effets indésirables qui peuvent être observés fréquemment.
Quelques faits sur les médicaments et les aînés:
Deux aînés sur trois au Canada prennent au moins cinq médicaments et un sur quatre en prend au moins dix.
Tous les médicaments peuvent causer des réactions indésirables, même ceux achetés sans ordonnance.
Plus on prend de médicaments, plus le risque de réactions indésirables augmente.
Les effets indésirables peuvent être légers ou graves, temporaires ou permanents. Ils peuvent survenir de façon soudaine ou encore se développer avec le temps.
En général, les aînés sont plus sensibles aux effets des médicaments parce que leur corps élimine les médicaments différemment. De plus petites doses peuvent être efficaces et plus sécuritaires.
Souvent, les ordonnances s’accumulent au fil des ans chez les aînés. Toutefois, certains médicaments ne sont peut-être plus nécessaires ou sécuritaires. Cela est plus probable lorsque plusieurs médecins prescrivent des médicaments pour un même patient.
Est-ce un nouveau symptôme, ou bien l'effet indésirable d'un médicament?
Lorsqu'un proche éprouve de nouveaux symptômes, il faut se rappeler que cela pourrait être causé par un médicament, particulièrement si certains d’entre eux ont été débutés récemment.
De nouveaux symptômes ne sont pas toujours causés par un problème de santé ou par le vieillissement.
Une réévaluation régulière des médicaments est recommandée pour les gens de tous âges –surtout si plus de cinq médicaments sont pris de façon chronique.
Soyez compréhensif
Lorsque vous parlez à vos proches d'un changement que vous avez remarqué ou de vos inquiétudes au sujet de leurs médicaments, faites preuve de tact.
Votre proche a peut-être déjà remarqué ces nouveaux symptômes. Il est possible qu’il craigne l’impact que pourrait avoir une diminution de dose ou la cessation d’un médicament.
Expliquez qu'une révision des médicaments faite par un pharmacien, une infirmière ou un médecin serait appropriée et pourrait mener à de bons résultats.
Gardez en tête que les aînés ont à cœur leur indépendance et que la plupart désirent prendre eux même les décisions en lien avec leur santé.
Préparez une liste de médicaments
Aidez vos proches à préparer une liste de leurs médicaments.
Tout d'abord, avec le consentement préalable de votre proche, demandez au pharmacien d'imprimer une liste des médicaments au dossier. Avec votre être cher, c’est aussi une excellente occasion pour vous de poser des questions au pharmacien.
Si votre proche fréquente plusieurs pharmacies, chaque pharmacie n'aura habituellement qu'une liste partielle des ordonnances. Ainsi, il est très important de s’assurer que la liste des médicaments est complète.
L'information sur cette liste imprimée pourra aider votre proche à ensuite créer sa propre liste de médicaments, qui peut être rédigée à la main ou dans un tableau Excel. Assurez-vous d'inclure les médicaments en vente libre ainsi que les produits de santé naturels sur cette liste.
La liste doit inclure le nom du médicament, la dose, la raison pour laquelle il a été prescrit, le moment de prise, la date où le médicament a été prescrit et qui l'a prescrit. Le Réseau canadien pour l’usage approprié des médicaments et la déprescription a un gabarit que vous pouvez utiliser pour créer cette liste.
Si votre proche est dans l'impossibilité de demander une liste de par lui-même, vous devrez fournir un document tel qu’une procuration, qui vous identifiera comme étant la personne en charge des décisions en matière de soins de santé.
Assurez-vous que les médicaments soient réévalués
Demandez à votre proche s'il est prêt à compléter une révision de ses médicaments.
Expliquez que la révision des médicaments faite par un pharmacien, une infirmière ou un médecin est un processus normal qui sera utile à plusieurs niveaux. Cela permettra de formuler des recommandations quant aux médicaments pris, vérifier si des ajustements de doses devraient être effectués ou encore d’identifier des interactions médicamenteuses problématiques. Il sera aussi possible d’identifier si certains médicaments ne sont plus nécessaires et s’il est possible de déprescrire*.
Selon votre province, un pharmacien peut être en mesure de fournir le service de révision des médicaments gratuitement. Vérifiez auprès de votre pharmacien pour voir si c'est bien le cas.
Demandez à votre proche s'il souhaite que vous l’accompagniez pour discuter des résultats de la révision des médicaments.
Demandez à ce que le rapport écrit suite à la révision des médicaments soit envoyé au médecin de famille. Assurez-vous que les résultats de cette révision soient révisés avec le médecin. Pour ce faire, un rendez-vous de plus longue durée sera requis avec le médecin.
Soyez avisés que certains aînés peuvent se sentir inconfortables lorsqu’il est temps d’évoquer des effets indésirables avec leur médecin, car ils estiment que cela peut être considéré comme étant impoli ou alors comme un manque de confiance envers les soins reçus.
Effets indésirables des médicaments à l'hôpital
Que faire si un proche semble souffrir d’un effet indésirable suite à la prise d’un médicament pendant son séjour à l'hôpital ou lors d'une visite à l'urgence?
Assurez-vous de savoir quel médicament a causé le problème et notez les informations sur la liste des médicaments.
Assurez-vous que cette information est aussi ajoutée au dossier de votre proche chez le médecin de famille.
Beaucoup de gens arrêtent un médicament problématique à l'hôpital, pour ensuite redébuter le même médicament (ou le même type de médicament) suite à un retour à la maison. Ceci est causé par un manque de communication et peut engendrer une nouvelle visite d'urgence à l'hôpital. Les informations essentielles ne font pas toujours leur chemin vers les bonnes personnes au bon moment.
Protégez les intérêts de vos proches
Vous représentez une ressource importante pour vos proches. Discutez respectueusement de vos inquiétudes et offrez des solutions pratiques : cela pourrait aider à prévenir de graves problèmes de santé. Votre soutien peut également aider les membres de votre famille à conserver leur indépendance et à prendre des décisions éclairées quant à leur santé.
*La déprescription signifie cesser un médicament ou en réduire la dose lorsqu’il n’a plus d’effet bénéfique ou qu’il peut être nuisible. Le but de la déprescription est de maintenir ou d'améliorer la qualité de vie.
À propos des auteures :
Johanna Trimble est une défenseure des droits des patients et membre du BC Patient Voices Network. Elle est membre du sous-comité de soins gériatriques et de soins palliatifs du Council on Health Promotion for Doctors of BC. À titre de conférencière, elle enseigne à des étudiants en médecine de première année à l’University of British-Columbia au sujet de la gériatrie communautaire ainsi qu'à des étudiants en pharmacie, sur les problèmes liés à la médication dans les établissements de soins de longue durée. Johanna est membre active du comité de sensibilisation du public du Réseau canadien pour l’usage approprié des médicaments et la déprescription.
Janet Currie est une travailleuse sociale impliquée dans la sécurité des médicaments et des patients depuis plus de 17 ans. Elle est particulièrement préoccupée par la sécurité et l'efficacité des médicaments en psychiatrie et leurs répercussions sur les aînés. Elle est ancienne coprésidente du Réseau canadien pour la santé des femmes et membre du Comité consultatif d'experts sur la vigilance des produits de santé de Santé Canada. Elle possède et gère un site Web sur la sécurité des médicaments psychiatriques et a souvent témoigné devant le Sénat canadien et le Comité permanent de la santé sur la surveillance des médicaments d’ordonnance et les effets nuisibles des médicaments. Elle a complété un doctorat sur la sécurité des médicaments et l’usage des médicaments à des fins autres que celles approuvées par Santé Canada, à l’University of British-Columbia. Au moment de la publication de cet article, Janet était membre exécutive et présidente du comité de sensibilisation du public du Réseau canadien pour l’usage approprié des médicaments et la déprescription.
Champion du ReCaD en vedette : Herb John, convaincu que nous pouvons faire une différence
Par Jennie Herbin
L’ancien président de la Fédération nationale des retraités et membre de longue date du ReCaD explique pourquoi la déprescription est un enjeu important pour les aînés canadiens. Lire la suite…
L’ancien président de la Fédération nationale des retraités et membre de longue date du ReCaD explique pourquoi la déprescription est un enjeu important pour les aînés canadiens.
Par Jennie Herbin, coordonnatrice de l'engagement communautaire, Réseau canadien pour la déprescription (ReCaD)
Cet entretien a été édité et condensé.
Lorsque j’ai appelé Herb John, il attendait son avion en direction d’Ottawa, où il était attendu pour une réunion de l'Office des transports du Canada. Il venait tout juste de rentrer de Regina, où il avait assisté au congrès annuel de la Fédération nationale des retraités (FNP). Ce type d’horaire chargé n'est pas inhabituel pour les bénévoles avec lesquels j'ai la chance de travailler !
Rapidement, notre conversation a bifurqué vers l’engagement civique. Il m’a raconté qu’il avait rencontré deux jeunes de Regina qui avaient été surpris d’apprendre que le FNP se bat pour que les jeunes générations aient droit à une pension. « Ils avaient présumé qu’ils [les jeunes] ne pourraient pas compter sur une pension. Les gens ont besoin de croire qu'ils peuvent faire une différence. Imaginez que 50 personnes contactent leur député local au sujet d’un problème. Ils commenceraient à prêter une oreille attentive. »
Parmi ses nombreuses fonctions, Herb John est membre du comité de sensibilisation du public du Réseau canadien pour la déprescription (ReCaD) et il est un ardent défenseur de la déprescription. Au cours des années, ses efforts pour sensibiliser le public sont guidés par la conviction que tout le monde a un rôle à jouer et qu’ensemble, nous pouvons changer les choses.
Vous travaillez avec le ReCaD pour sensibiliser le public à propos de la déprescription depuis quelques années maintenant. Pourquoi vous êtes-vous impliqué ?
Il y a quelques années, j'ai reçu un courriel de Cara Tannenbaum [codirectrice du ReCaD] me demandant si je participerais à un groupe de discussion lors d'une des premières réunions du ReCaD. Je n’avais jamais entendu parler de déprescription à ce moment-là. Pourtant, j’ai immédiatement pensé à une situation vécue avec ma grand-mère quelques années plus tôt. Je devais l'emmener à l'urgence, puis aller chercher ses médicaments pour les lui apporter à l'hôpital. Je ne pouvais pas croire au nombre de pilules qu’elle prenait… les médecins de l'urgence en ont éliminé la moitié! J’ai pensé qu’il devait y avoir plusieurs autres personnes dans cette situation.
Alors quand Cara m'a écrit, j'ai tout de suite compris ce qu'était la déprescription et j'en ai reconnu la pertinence. Je l’ai tout de même rappelée pour lui demander : « Êtes-vous certaine que je suis la bonne personne pour vous aider? » Cara a répondu qu’on lui avait dit que les groupes de défense des aînés seraient la meilleure façon de sensibiliser cette population. À ce moment, j’ai tout compris. C’est ainsi que je pouvais aider. J'ai embarqué et le conseil exécutif du FNP a approuvé la campagne.
Quelle forme a prise votre collaboration au fil des ans?
Très vite, nous avons discuté de la meilleure façon de partager le message. Nous [la FNP] avons commencé à publier des documents sur la déprescription sur notre site Web. Chaque mois, nous publions la lettre d’information du ReCaD sur le site. Nous avons invité Cara Tannenbaum à présenter devant nos membres lors de notre congrès annuel en 2016 à Richmond, en Colombie-Britannique. Maintenant, plusieurs de nos partenaires sont aussi impliqués avec le ReCaD.
Quel genre de réaction obtenez-vous lorsque vous parlez de déprescription ?
Ce printemps, j'ai fait deux conférences pour des syndicats de travailleurs et travailleuses canadien(ne)s de l'automobile retraités à Windsor, en Ontario. L'un d'eux était mon propre groupe de travailleur(e)s retraité(e)s. J'avais demandé au président si je pouvais faire une présentation. Il a dit oui, mais de rester bref, car les longs exposés n’étaient pas très populaires. Eh bien, j'ai parlé pendant 30 minutes ! Et personne ne somnolait ! Tout le monde écoutait ! J'ai reçu de nombreux compliments sur la pertinence, l'importance et l'actualité du sujet. Les gens semblaient apprécier l'information et ils l'avaient bien comprise.
Après la présentation, j’ai dit à tout le monde qu’à la prochaine réunion en septembre, je demanderais combien de personnes avaient parlé à leur pharmacien ou à leur médecin en leur posant ces cinq questions essentielles. C’est ce que j'ai fait. En septembre, 10% des gens ont déclaré avoir eu cette conversation !
Pourquoi pensez-vous que cet enjeu est si pertinent pour le public ?
La plupart des gens n’ont jamais entendu parler de cet enjeu auparavant. Mais c'est logique. Je rencontre encore beaucoup de personnes qui ne questionnent pas ce que leur médecin leur dit ou encore leur prescrit. Ils n'ont aucune idée des trois messages suivants : primo, certaines personnes prennent trop de médicaments. Deuzio, certains mélanges ne sont pas bon; et tertio, les médicaments nous affectent différemment lorsque nous vieillissons. Il est crucial que ces messages soient connus de la population.
Selon vous, quelles sont les prochaines étapes ?
Pauline Worsfold, présidente de la Coalition canadienne de la santé (CCH), a présenté le dossier de l’assurance-médicaments universelle au congrès de la FNP la semaine dernière. Le CCH et la FNP font de la pression pour que cela se fasse. Les gens commencent à se rendre compte que, dans les provinces, il existe un véritable méli-mélo de types de couvertures. En Nouvelle-Zélande, lorsqu’ils ont mis en place l’assurance-médicaments, ils ont économisé 7 milliards de dollars au cours de la première année seulement. Je n’ai entendu personne parler de déprescription dans le cadre des discussions sur l’assurance-médicaments. Pourtant, cela devrait faire partie d'un programme national d'assurance-médicaments. Il est crucial qu’on valide que les médicaments que nous prenons nous aident réellement !
Nous devons saisir cette occasion pour parler de déprescription dans le contexte de l’assurance-médicaments et ce, dans chaque juridiction provinciale. Si le programme est mis en œuvre correctement, cela pourrait entraîner des économies considérables.