
Vos témoignages
Une guérison marquée par la déprescription : l’histoire de Micheline
Micheline
Dans ce témoignage, découvrez le parcours de Micheline : comment la déprescription - et le développement d'une relation de confiance avec une professionnelle de la santé - a changé sa vie, pour le mieux.
Nous remercions Micheline d'avoir généreusement partagé son histoire.
Les débuts pour Micheline : la prise de médicaments contre la douleur après une chirurgie
En 2023, Micheline subit une opération majeure à la colonne vertébrale. Cela lui cause des douleurs intenses pendant des mois. La morphine l’aide à soulager cette douleur, mais a un impact important sur sa qualité de vie : pendant cette période, Micheline souffre de problèmes de mémoire et d’équilibre. « J’oubliais même les noms de mes enfants! » raconte-t-elle aujourd’hui. Il lui arrive de confondre les moments de la journée, pensant qu’on est le soir alors que l’on est en plein milieu de l’après-midi. Elle s’endort debout, au milieu d’une conversation, oublie des mots et n’arrive plus à écrire correctement, même son propre nom. « J’ai eu très peur », se souvient Micheline, qui se sentait « sortir de ce monde ».
À sa sortie de l’hôpital après cette chirurgie, le médecin de Micheline lui annonce qu’elle devra doucement arrêter la morphine dans les mois à venir. La perspective de ressentir cette douleur intense à nouveau la terrifie. Sans médecin de famille, elle ne sait pas à qui demander de l’aide. Heureusement, réalisant qu’elle ne peut pas arrêter la morphine seule, elle s’adresse à sa pharmacie locale.
La rencontre d’une professionnelle de la santé prête à aider
Julie Leboeuf est pharmacienne depuis 2022. Lorsque Micheline vient la voir, elle écoute attentivement ses inquiétudes : « Je ne sais plus quoi faire. Je n’ai pas de médecin. » Julie lui pose des questions sur ses symptômes. Elle lui explique que la somnolence et les problèmes cognitifs qu’elle ressent peuvent être des effets secondaires de la morphine. Depuis quelques années, les pharmaciens du Québec peuvent aider à réduire ou à arrêter certains médicaments pour améliorer la sécurité des patients – c’est un processus qu’on appelle la déprescription. Julie propose alors d’accompagner Micheline dans ce processus de déprescription de la morphine.
Julie Leboeuf, pharmacienne
« Nous sommes devenus une équipe extraordinaire », raconte Micheline. Ensemble, elles établissent un plan pour réduire la dose de morphine, très progressivement. Toutes les deux semaines, elles diminuent la dose légèrement. Avant chaque baisse de dose, Micheline échange avec Julie pour vérifier que tout se passe bien. Au début, l’idée que la douleur revienne fait peur à Micheline, mais elle se sent rassurée par le suivi attentif de Julie, qui veille à ce qu’elle ne ressente pas d’effets de sevrage sévères ni un retour de douleurs intenses. Il est important de mentionner qu’au cours de ce processus, Micheline intègre également la physiothérapie à ses soins.
Comment la déprescription a aidé à Micheline - et ce qu’elle a appris
Comme la douleur de Micheline ne revient pas, elles poursuivent le plan de réduction de la morphine. Après plusieurs semaines, Micheline arrête complètement ce médicament. Elle remarque des améliorations au fil du temps : elle n’a plus de misère à trouver ses mots, reste éveillée toute la journée et se sent plus énergique. Petit à petit, sa vie sociale reprend : elle peut à nouveau manger au restaurant et aller au cinéma avec ses enfants. Pour Micheline, Julie lui a permis de reprendre le contrôle de sa vie et de « rallumer ses lumières ». Elle lui en est profondément reconnaissante.
Micheline aimerait que davantage de personnes soient informées du rôle que les pharmaciens peuvent jouer dans l’ajustement ou la déprescription des médicaments. Elle est également reconnaissante envers les autres professionnels de la santé, comme les physiothérapeutes, dont l’aide lui a été précieuse tout au long de sa guérison.
Ce que Julie aimerait que plus de patients sachent!
Julie encourage les patients à consulter leur pharmacien plus souvent. Le pharmacienjoue un rôle essentiel dans le suivi des médicaments. Il peut discuter avec vous pour évaluer si vos traitements sont toujours adaptés et sécuritaires. Lorsque Julie et Micheline ont évalué les avantages et les inconvénients de la morphine que prenait Micheline, elles ont conclu que les inconvénients l’emportaient sur les effets bénéfiques. Julie reconnaît que les pharmaciens peuvent parfois être très occupés, mais elle encourage les patients à ne pas se décourager. Dans les situations non urgentes, le suivi peut être planifié à un moment convenable. Avec Micheline, chaque rendez-vous a été relativement court, mais le processus de déprescription a eu un impact considérable sur sa qualité de vie. Pour Julie, c’est une expérience très gratifiante.
Julie encourage les patients à consulter leur pharmacien plus souvent.
Depuis son expérience avec Micheline, Julie est plus à l'aise de proposer à ses patients de les accompagner dans la déprescription de médicaments qui ne leur conviennent pas. Elle encourage chacun et chacune à prêter attention à son ressenti concernant les médicaments et leurs possibles effets indésirables. Selon elle, un patient bien informé est capable de mieux repérer lorsqu'un médicament devient nuisible ou qu'il est temps de l'arrêter. De cette manière, tout le monde en ressort gagnant.
En conclusion : le parcours de déprescription de chaque personne est unique!
Il est important de rappeler que chaque personne est différente. Le temps nécessaire pour déprescrire un médicament peut varier selon notre situation. Lorsqu’on cesse des médicaments comme les opioïdes, il est possible que la douleur revienne. Si c’est le cas, on doit s’assurer que celle-ci est bien gérée au quotidien. La physiothérapie et les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) sont des exemples d’outils disponibles dans la gestion de la douleur, seuls ou en en complément des médicaments.