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Vos médicaments vous aident-ils vraiment ? Quelques pistes pour vous en assurer

Par Dre Cara Tannenbaum

Aujourd’hui, il semble que chacun de nos maux peut être traité à l’aide d’une pilule. Les médicaments soulagent des symptômes, guérissent des maladies et peuvent même prolonger la vie. Lire la suite…

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Par Dre Cara Tannenbaum, gériatre à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal et directrice, Réseau canadien pour l’usage approprié des médicaments et la déprescription.

Aujourd’hui, il semble que chacun de nos maux peut être traité à l’aide d’une pilule. Les médicaments soulagent des symptômes, guérissent des maladies et peuvent même prolonger la vie. Pas étonnant de voir qu’à l’heure actuelle, deux tiers des Canadiens de plus de 65 ans prennent au moins cinq médicaments d'ordonnance tandis que près d'un tiers d’entre eux en prend dix ou plus.

Pourtant, il y a plusieurs raisons de s’en préoccuper : en vieillissant, notre corps devient plus sensible aux effets des médicaments et les élimine moins bien. Cela augmente le risque d’effets indésirables, tel que les interactions médicamenteuses, les chutes, les fractures, les problèmes de mémoire et même les hospitalisations et décès causés par les médicaments. En augmentant le nombre de médicaments chez un même individu, on accroît le risque que ces effets nuisibles se produisent.

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Il est alarmant de savoir que 40% des Canadiens de plus de 65 ans consomment des médicaments étant jugés inutiles ou potentiellement nuisibles pour eux. Parmi ceux-ci : les somnifères, l’usage à long terme d’inhibiteurs de la pompe à protons pour le reflux gastrique et les antipsychotiques pour traiter l'insomnie ou en contexte de démence. Les opioïdes sont une autre catégorie de médicaments souvent utilisés pour traiter la douleur chronique non cancéreuse et connus comme étant à haut risque d’effets nuisibles.

C’est pour ces raisons qu’en tant que gériatre, je conseille aux patients d'essayer des thérapies non médicamenteuses pour traiter leurs symptômes, lorsque c’est possible. Cela peut nécessiter plus de temps et d'efforts, mais c’est souvent plus sécuritaire et efficace.

À vous de jouer !

Prenez rendez-vous avec votre médecin, infirmière ou pharmacien pour procéder à une révision complète de vos médicaments. Assurez-vous que cela soit fait régulièrement : notre corps et notre état de santé changent constamment - ce qui était bon pour vous auparavant ne l’est peut-être plus aujourd’hui...

Votre médecin vous suggère de débuter un nouveau médicament? Vous avez le droit de demander à quoi il servira, quels sont ses bénéfices ainsi que les risques d’effets nuisibles. Prendre des médicaments doit toujours être un choix éclairé.

Vous aimeriez savoir s’il est possible de cesser certains de vos médicaments? Demandez à votre professionnel de la santé si la déprescription est pour vous. La déprescription est la réduction ou l’arrêt de médicaments qui ne sont plus bénéfiques ou qui peuvent être nuisibles. Consultez toujours un professionnel de la santé avant de cesser ou modifier la dose d’un médicament.

Consultez le site web du Réseau canadien pour l’usage approprié des médicaments et la déprescription, qui regorge de ressources utiles sur la saine gestion des médicaments :  www.reseaudeprescription.ca.

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Champion du ReCaD en vedette : Herb John, convaincu que nous pouvons faire une différence

Par Jennie Herbin

L’ancien président de la Fédération nationale des retraités et membre de longue date du ReCaD explique pourquoi la déprescription est un enjeu important pour les aînés canadiens. Lire la suite…

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L’ancien président de la Fédération nationale des retraités et membre de longue date du ReCaD explique pourquoi la déprescription est un enjeu important pour les aînés canadiens.

Par Jennie Herbin, coordonnatrice de l'engagement communautaire, Réseau canadien pour la déprescription (ReCaD)

Cet entretien a été édité et condensé.

Lorsque j’ai appelé Herb John, il attendait son avion en direction d’Ottawa, où il était attendu pour une réunion de l'Office des transports du Canada. Il venait tout juste de rentrer de Regina, où il avait assisté au congrès annuel de la Fédération nationale des retraités (FNP). Ce type d’horaire chargé n'est pas inhabituel pour les bénévoles avec lesquels j'ai la chance de travailler !

Rapidement, notre conversation a bifurqué vers l’engagement civique. Il m’a raconté qu’il avait rencontré deux jeunes de Regina qui avaient été surpris d’apprendre que le FNP se bat pour que les jeunes générations aient droit à une pension. « Ils avaient présumé qu’ils [les jeunes] ne pourraient pas compter sur une pension. Les gens ont besoin de croire qu'ils peuvent faire une différence. Imaginez que 50 personnes contactent leur député local au sujet d’un problème. Ils commenceraient à prêter une oreille attentive. »

Parmi ses nombreuses fonctions, Herb John est membre du comité de sensibilisation du public du Réseau canadien pour la déprescription (ReCaD) et il est un ardent défenseur de la déprescription. Au cours des années, ses efforts pour sensibiliser le public sont guidés par la conviction que tout le monde a un rôle à jouer et qu’ensemble, nous pouvons changer les choses.

Vous travaillez avec le ReCaD pour sensibiliser le public à propos de la déprescription depuis quelques années maintenant. Pourquoi vous êtes-vous impliqué ?

Il y a quelques années, j'ai reçu un courriel de Cara Tannenbaum [codirectrice du ReCaD] me demandant si je participerais à un groupe de discussion lors d'une des premières réunions du ReCaD. Je n’avais jamais entendu parler de déprescription à ce moment-là. Pourtant, j’ai immédiatement pensé à une situation vécue avec ma grand-mère quelques années plus tôt. Je devais l'emmener à l'urgence, puis aller chercher ses médicaments pour les lui apporter à l'hôpital. Je ne pouvais pas croire au nombre de pilules qu’elle prenait… les médecins de l'urgence en ont éliminé la moitié! J’ai pensé qu’il devait y avoir plusieurs autres personnes dans cette situation.

Alors quand Cara m'a écrit, j'ai tout de suite compris ce qu'était la déprescription et j'en ai reconnu la pertinence. Je l’ai tout de même rappelée pour lui demander : « Êtes-vous certaine que je suis la bonne personne pour vous aider? » Cara a répondu qu’on lui avait dit que les groupes de défense des aînés seraient la meilleure façon de sensibiliser cette population. À ce moment, j’ai tout compris. C’est ainsi que je pouvais aider. J'ai embarqué et le conseil exécutif du FNP a approuvé la campagne.

Quelle forme a prise votre collaboration au fil des ans?

Très vite, nous avons discuté de la meilleure façon de partager le message. Nous [la FNP] avons commencé à publier des documents sur la déprescription sur notre site Web. Chaque mois, nous publions la lettre d’information du ReCaD sur le site. Nous avons invité Cara Tannenbaum à présenter devant nos membres lors de notre congrès annuel en 2016 à Richmond, en Colombie-Britannique. Maintenant, plusieurs de nos partenaires sont aussi impliqués avec le ReCaD.

Quel genre de réaction obtenez-vous lorsque vous parlez de déprescription ?

Ce printemps, j'ai fait deux conférences pour des syndicats de travailleurs et travailleuses canadien(ne)s de l'automobile retraités à Windsor, en Ontario. L'un d'eux était mon propre groupe de travailleur(e)s retraité(e)s. J'avais demandé au président si je pouvais faire une présentation. Il a dit oui, mais de rester bref, car les longs exposés n’étaient pas très populaires. Eh bien, j'ai parlé pendant 30 minutes ! Et personne ne somnolait ! Tout le monde écoutait ! J'ai reçu de nombreux compliments sur la pertinence, l'importance et l'actualité du sujet. Les gens semblaient apprécier l'information et ils l'avaient bien comprise.

Après la présentation, j’ai dit à tout le monde qu’à la prochaine réunion en septembre, je demanderais combien de personnes avaient parlé à leur pharmacien ou à leur médecin en leur posant ces cinq questions essentielles. C’est ce que j'ai fait. En septembre, 10% des gens ont déclaré avoir eu cette conversation !

Pourquoi pensez-vous que cet enjeu est si pertinent pour le public ?

La plupart des gens n’ont jamais entendu parler de cet enjeu auparavant. Mais c'est logique. Je rencontre encore beaucoup de personnes qui ne questionnent pas ce que leur médecin leur dit ou encore leur prescrit. Ils n'ont aucune idée des trois messages suivants : primo, certaines personnes prennent trop de médicaments. Deuzio, certains mélanges ne sont pas bon; et tertio, les médicaments nous affectent différemment lorsque nous vieillissons. Il est crucial que ces messages soient connus de la population.

Selon vous, quelles sont les prochaines étapes ?

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Pauline Worsfold, présidente de la Coalition canadienne de la santé (CCH), a présenté le dossier de l’assurance-médicaments universelle au congrès de la FNP la semaine dernière. Le CCH et la FNP font de la pression pour que cela se fasse. Les gens commencent à se rendre compte que, dans les provinces, il existe un véritable méli-mélo de types de couvertures. En Nouvelle-Zélande, lorsqu’ils ont mis en place l’assurance-médicaments, ils ont économisé 7 milliards de dollars au cours de la première année seulement. Je n’ai entendu personne parler de déprescription dans le cadre des discussions sur l’assurance-médicaments. Pourtant, cela devrait faire partie d'un programme national d'assurance-médicaments. Il est crucial qu’on valide que les médicaments que nous prenons nous aident réellement !

Nous devons saisir cette occasion pour parler de déprescription dans le contexte de l’assurance-médicaments et ce, dans chaque juridiction provinciale. Si le programme est mis en œuvre correctement, cela pourrait entraîner des économies considérables.

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